L'œuvre lithographiée d'Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) a vu le jour vers la fin d'une vie aussi courte qu'intense. En l'espace d'une décennie à peine, entre 1891 et 1901, l'année de sa mort, l'artiste issu de la noblesse française, fasciné par les possibilités que lui offrait une technique alors naissante, a créé 351 lithographies, en couleur pour la plupart. Vingt-huit d'entre elles sont des affiches qui, très tôt, ont su asseoir sa renommée. Ces lithographies en couleur, inspirées d'estampes japonaises, par la force de leurs contrastes et l'association de l'écrit et du dessin, ont marqué, sur le plan stylistique, le point de départ de l'art de l'affiche moderne.
Demeuré infirme et de petite taille à la suite d'un accident, cet aristocrate passait le plus clair de son temps dans les cafés, cabarets et bordels de la Butte Montmartre ; il a représenté ce milieu sans arrogance ni fausse pitié. Par des scènes dans fard, illustrant la vie nocturne du Paris mondain, Toulouse-Lautrec a résolument contribué à forger l'image de cette période entrée dans la légende sous le nom de « Belle Époque ».
La collection renommée du Berlinois Otto Gerstenberg, qui, avant la Première Guerre mondiale, a réuni l'intégralité de ces œuvres exceptionnelles, comprend, en plus des pièces dédicacées, des tirages spéciaux, des épreuves d'état et d'essai. Elle appartient aujourd'hui aux descendants du collectionneur, la famille Scharf, qui a confié son trésor à la Hypo-Kulturstiftung. C'est par cette fondation culturelle, créée par le groupe bancaire HVB, que cette exposition unique est montrée au Luxembourg. La présentation de l'œuvre lithographiée du peintre a été confiée au professeur Götz Adriani, directeur de la Kunsthalle de Tübingen.
Un catalogue de l'exposition, abondamment illustré, a été publié par DuMont Verlag, Cologne.