Le musée lance une campagne de crowdfunding pour acquérir Le champion de Joseph Kutter et ainsi sensibiliser le public à la sauvegarde du patrimoine.
En date du 15 juin, le musée a officiellement donné le top départ d’une course de «fonds» visant à engranger les 100.000 euros nécessaires à l’acquisition du Champion de Joseph Kutter, actuellement en vente. Ce tableau iconique datant de 1932 représente le double vainqueur du Tour de France (1927 et 1928), Nicolas Frantz: son achat par le musée viendrait parfaire à merveille les collections nationales d’art luxembourgeois et notamment compléter notre série Kutter.
Vidéo des coulisses du shooting
Dans le cadre de cette campagne de crowdfunding placée sous le slogan Klammt mat an d’Course!, l’équipe du musée a d’emblée rivalisé d’idées pour, à des fins de promotion, mettre en pratique des solutions maison.
Le fait que cette action soit rehaussée par l’image de marque de trois cyclistes professionnels – Christine Majerus, Andy Schleck et Fränk Schleck – ayant de bon coeur accepté de s’adonner au jeu et de poser pour la bonne cause tel champion de Kutter n’a certainement pas été étranger à l’enthousiasme collectif. Une fois l’idée de départ germée – faire adopter à nos trois ambassadeurs la pose du héros national vu par Kutter –, il a fallu préparer le décor pour la prise de vue, mais aussi le trouver, ce lieu béni.
Nous songions d’abord à une scène de théâtre avec rideau et éclairage pro: c’est là que le service régie est ingénieusement entré dans la course pour faire jouer quelques ressources maison.
«Pourquoi ne pas réaliser le shooting au dépôt du musée et simplement reproduire l’arrière-fond du tableau sur un mur blanc? L’éclairage sera assuré par notre département photo pour faciliter la mise en place. Et en bonne couturière, je propose même de réaliser les accessoires», nous a spontanément proposé la responsable du service, Muriel Prieur, qui finira même par servir de costumière et maquilleuse. Chiche!
L’opération reproduction a donné lieu à une grosse demi-journée de peinture par les mains expertes de Muriel et sa complice à la régie Deborah Velazquez. À mi-parcours du revêtement, elles ont calqué sur le fond peint l’image du Champion en rétroprojection translucide pour assurer un placement ultérieur du vélo et de nos trois vedettes bien fidèle au tableau.
Les accessoires visibles sur le tableau (casquette, médaille, fleurs, tricots) sont remarquablement confectionnés par Muriel – une vitrine à l’entrée du musée illustre le making off de ces étapes – tandis que le vélo, un modèle original de Nicolas Frantz datant de 1927, est emprunté à la famille Letsch-Frantz qui, pleine d’élan, rejoint elle aussi le peloton.
Le vélo se trouve d’ailleurs exposé en bonne place à côté du tableau, dans un espace idéalisé par le service Beaux-Arts – soit juste à l’entrée de l’Art luxembourgeois après la passerelle supérieure de l’Aile Wiltheim. À cet endroit, outre une urne à dons et un portrait du cycliste Nicolas Frantz (1899-1985), le visiteur peut encore visionner deux enregistrements qui contextualisent aussi bien l’action que l’œuvre.
Notons que le service des publics du musée a concocté un programme qui tient parfaitement la route avec un premier coup de pédale donné par Frank Wilhelm: le chercheur philologue et cycliste chevronné est intervenu sur la notion de champion dans l’art et le sport lors d’une conférence emblématiquement programmée la veille du départ du Tour de France; Lis Hausemer en proposera une seconde à la rentrée. Enfin, deux visites thématiques très intéressantes ainsi qu’un Renc’Art en octobre vont nous permettre de tenir le public en haleine au fil de cette échappée belle.
Sam Tanson, ministre de la Culture«L'État ne peut pas tout supporter.»
À la question de savoir pourquoi en appeler à la généreuse contribution de la population après le succès d’un premier crowdfunding en 2016 autour d’un B.C. Koekkoek entretemps acquis par le musée, Sam Tanson, ministre de la Culture, a répondu à la presse:
«L’État ne peut pas tout supporter: les budgets sont limités et actuellement bien serrés en raison des crises successives. Une opération de crowdfunding est non seulement une manière d’aider au financement d’un projet, mais aussi d’y associer le public qui s’approprie pour ainsi dire une oeuvre importante pour les collections du pays. Merci à nos champions modernes qui en contribuant au storytelling de cette action, nous permettent de porter l’art au coeur de la société, de montrer qu’il fait partie de nos vies et qu’il nourrit la collectivité.»
Pour faciliter les modalités de souscription et inciter tout un chacun à participer à cette opération, le Fonds culturel national, partenaire qui gère les souscriptions, est parvenu – grande première – à instaurer le système Payconiq. En scannant le code QR ci-dessus, le don est simple, rapide et garantit l’émission d’un certificat de déduction fiscale, quel que soit le montant versé! Alors, tous en selle pour franchir d’ici la fin de l’année le col des 100.000 euros! Suivez la progression de notre opération sur notre page web, parlez-en autour de vous et réveillez, vous aussi, le généreux champion qui sommeille en vous.
Texte: Sonia da Silva / Photos: Éric Chenal - Sonia da Silva
Source: MuseoMag N°III 2023